Si pour la Direction générale des Finances publiques (DGFIP) tout est sous contrôle, les syndicats des agents du fisc pointent le stress et la pression de la réforme du prélèvement à la source.
La date fatidique du 1er janvier 2019 approche, et avec elle arrive une des réformes les plus attendues par certains et décriées par d’autres, le prélèvement à la source.
Déjà reportée une première fois, cette mesure aurait pu ne pas passer l’automne, l’exécutif ayant ouvert la porte à un nouveau report, avant d’y renoncer.
À quelques jours seulement de sa mise en place, les 40.000 agents du fisc mobilisés dans toute la France apparaissent quelque peu tendus.
« Les collègues sont stressés », confirme Olivier Vadebout, secrétaire général à la CGT Finances publiques.
« Les agents voient la masse de travail arriver, mais ils se rendent compte qu’ils ne peuvent pas tout traiter ».
Un constat avec lequel s’accorde Anne Guyot-Welke.
« La pression s’accentue », renchérit la secrétaire nationale de Solidaires Finances publiques.
Les services les plus en tension ? Les plateformes d’appel, ceux en charge de l’impôt des particuliers et des entreprises, à en croire les deux représentants des salariés.
Preuve en est la question des congés de fin d’année.
À l’automne, les directeurs et chefs de service ont reçu la consigne de limiter les congés à compter du 2 janvier 2019, provoquant la colère des syndicats, comme l’a révélé France Inter.
« C’est une fausse bonne réponse! », assène Olivier Vadebout.
« Le problème sera identique dans six mois, lorsque tous les collègues voudront prendre leurs congés en même temps ».
Une formation jugée « insuffisante »
Dans une note envoyée par la direction générale récemment, dont Le HuffPost a pu consulter des extraits, il est précisé que les chefs de service et directeurs doivent bel et bien « veiller à accorder des autorisations de congés de façon limitée » afin de mobiliser un maximum d’agents, tout en leur permettant de prendre quelques jours avant le 2 janvier.
Une réponse perçue comme une tentative pour « tempérer » la grogne dans les services.
Sollicité par Le HuffPost, le fisc indique que deux sessions de deux jours de formation ont été dispensées.
La première « sur les grands principes de la réforme » au début de l’année puis « 2,5 jours à partir de septembre sur les mises à jour et modifications qui sont intervenues à la rentrée ».
Un porte-parole de la DGFIP indique, par ailleurs, qu’un espace collaboratif a été mis en place et que « chaque département bénéficie d’un correspondant prélèvement à la source dédié ».
Des contractuels et des « réservistes » mobilisés
Un tel dispositif sera-t-il suffisant ? Pour pallier l’éventuelle recrudescence des appels des contribuables, deux plateformes téléphoniques supplémentaires ont été ouvertes, à Angers et à Amiens.
En outre, une cinquantaine d’agents contractuels sont en cours de recrutement, pour une durée de trois mois à partir de janvier.
Mais là encore, les syndicats émettent des doutes.
« Le profil des contractuels est compliqué à chercher, puisqu’ils sont déjà censés maîtriser nos outils », remarque Olivier Vadebout.
« Pour rigoler, on se dit que ça peut être des retraités ».
De son côté, le fisc assure que les outils utilisés sont classiques.
« Il s’agit dans les faits de mettre un, deux, trois contractuels par centre de contact », détaille le porte-parole.
« Ils auront des tâches administratives et de mise à jour des dossiers (…).
Il faut relativiser le nombre sur les 700 agents présents en centres de contact et les 40.000 agents mobilisés au total ».
À cela s’ajoutent « 200 réservistes », autrement dit des agents du fisc mobilisables, si besoin, sur les plateformes d’appel, qui peuvent, selon les dires du fisc, déjà gérer 20.000 appels par jour.
« Le mot d’ordre est disponibilité », assène le porte-parole de la DGFIP.
« Nous avons affaire à une grosse réforme, qui implique nécessairement plus de travail ».
Les gilets jaunes inquiètent
Mais quid des fameux centres d’accueil ? De nombreuses démarches, comme le changement de situation, devront s’effectuer en ligne.
Le fisc n’écarte pas la possibilité d’assister à une hausse de la fréquentation de ces centres, mais assure « être organisé pour cela ».
Les syndicats, eux, ne cachent pas une certaine appréhension dans un contexte de ras-le-bol fiscal porté par le mouvement des gilets jaunes.
« Nous craignons que le mécontentement ne s’amplifie », prédit Anne Guyot-Welke. Plusieurs centres d’impôts ont déjà été pris pour cible ces dernières semaines.
L’un d’eux a même été incendié par un groupe se présentant comme faisant partie du mouvement de contestation à Riom.
De son côté, la Direction générale des Finances publiques assure que la situation est gérée « au cas par cas » avec les préfectures.
Source : https://m.huffingtonpost.fr
Crédit photo : capture d’écran
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